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Le néo-libéralisme est le berceau de l’extrême droite

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Le néo-libéralisme est le berceau de l’extrême droite

Mardi 1 Avril 2014 à 12:00 | Lu 17692 fois I 110 commentaire(s)

 

Michel Santi*

 

Le néo-libéralisme, la financiarisation et la dérégulation sauvage sont systématiquement synonymes de coupes salariales, de pertes de droits et – en finalité – de montées en puissance des haines et des intolérances. Seule une redistribution plus juste des ressources est aujourd’hui susceptible de ramener la sérénité dans nos sociétés.

 

JOFFET EMMANUEL/SIPA
JOFFET EMMANUEL/SIPA
Du même auteur

Pourquoi de grandes et illustres voix comme Stiglitz et Krugman stigmatisent-elles les inégalités ? Pourquoi Piketty  a-t-il écrit son monumental travail ayant aujourd’hui un retentissement mondial ? Est-ce par plaisir – ou pour se distinguer ? - que, depuis le déclenchement de la crise, les économistes keynésiens n’ont de cesse de dénoncer le néo-libéralisme et son lot d’injustices, de dérégulations, de phobie irrationnelle vis-à-vis de la création monétaire, d’obsession pour la compétitivité et de hantise à l’encontre d’une inflation qui ne se matérialise décidément pas ? S’il va de soi que cette condamnation est d’abord mue par un sentiment humaniste et de solidarité sociale élémentaire, elle est également pointée du doigt par nous – les hétérodoxes – car les inégalités nuisent foncièrement à la croissance économique.
 
Alors, il est clair que la masse des spéculateurs et investisseurs boursiers qui s’enrichissent virtuellement jour après jour, il est évident que ceux qui profitent pleinement de la financiarisation ayant asservi l’outil de travail, il va de soi que ceux qui sont complètement déconnectés des réalités de la vie : tous ceux-ci n’ont que faire d’une croissance économique pérenne car ils ont – jusqu’à présent – gagné à tous les coups. Ils devraient pourtant commencer à se poser de sérieuses questions et à se rendre compte que leur orgie touche à sa fin, dès lors que des institutions symbolisant l’essence même du néo-libéralisme telles que le F.M.I.  et que le World Economic Forum concluent que « des sociétés moins égalitaires aboutissent à une croissance faible et fragile ».
 
Il en est de même pour l’immigration, source de croissance sur le long terme pour toute nation, car elle participe activement de la promotion de l’innovation et de la progression de la productivité. Ne feignons pas aujourd’hui d’être surpris par la montée en puissance des extrémismes, et ne soyons pas choqués par les succès électoraux des partis xénophobes. Ne soyons pas non plus surpris que les plus défavorisés et que la classe ouvrière – naguère acquis à la gauche – se reportent désormais en masse vers l’extrême droite. Dans une société comme la nôtre burinée par les inégalités, où les entreprises favorisent le dumping salarial via l’embauche d’immigrés moins exigeants que les nationaux, où les loyers des logements sociaux connaissent une surenchère du fait de l’afflux d’étrangers, où les services publics sont de moindre qualité car dépassés par les évènements : il est fort compréhensible que l’immigration soit ressentie comme une menace et non pour ce qu’elle représente vraiment, c’est-à-dire une valeur ajoutée.
 
Que droite et gauche républicaines ne s’en prennent qu’à elles et à leurs politiques respectives ayant toutes fait l’ardente promotion du néo-libéralisme si des pays comme la France et comme la Suisse subissent aujourd’hui l’émergence d’idéaux prônant le repli sur soi. Car seuls les riches aujourd’hui profitent vraiment de cette immigration et de ce travail à bon marché en s’enrichissant davantage, tandis que les pauvres pour leur part en subissent toutes les conséquences. En effet, pendant que le néo-libéralisme, que la financiarisation et que la dérégulation sauvage sont systématiquement synonymes de coupes salariales, de pertes de droits et – en finalité – de montées en puissance des haines et des intolérances, seule une redistribution plus juste des ressources est aujourd’hui susceptible de ramener la sérénité dans nos sociétés.
 
Mesdames et Messieurs du gouvernement et de l’opposition Républicaine : l’acceptation sans faille de vos citoyens à l’ouverture totale des frontières et à la globalisation, de même que leur adhésion à cette Europe mal aimée ne se matérialiseront que grâce à une croissance stable. C’est-à-dire par une société plus égalitaire, en établissant enfin une croissance au long cours, exempte de l’implosion épisodique de bulles spéculatives, où le travail redeviendrait une valeur.


(*) Michel Santi est économiste, auteur de « L'Europe, chronique d'un fiasco politique et économique », « Capitalism without conscience » . Son dernier ouvrage est  «Splendeurs et misères du libéralisme»  (l’Harmattan)



04/04/2014

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