Unis Contre l'Extrême Droite

Unis Contre l'Extrême Droite

Le jour où les trolls ont mis K.O. le Front national

http://www.lesinrocks.com/2014/05/15/actualite/nouveau-reseau-social-du-fn-il-mort-davance-11504513/

 

Le jour où les trolls ont mis K.O. le Front national

15/05/2014 | 18h30
Illustration de la page Facebook Les Patriotes

Lancé avant-hier, le nouveau réseau social du FN, “LesPatriotes.net”, a déjà disparu d’Internet. Officiellement, c’est à cause d’une attaque massive de trolls. Mais d’autres raisons laissent déjà croire à une mort annoncée.

Trolls : 1 – FN : 0. Deux jours d’existence, et le nouveau réseau social du Front national est déjà hors ligne. Lorsque l’internaute tape l’URL Lespatriotes.net, il est redirigé vers la page Facebook du site, où s’affiche le communiqué suivant :

Communiqué sur Facebook, ce matinApparemment temporaire, cette disparition ne surprend pas outre-mesure. Les trolls, ces internautes dont le seul but est de polluer les pages web, ont porté le coup de grâce aux “Patriotes”. Mais ils ne sont qu’un des nombreux obstacles que rencontre ce nouveau réseau social.

Des bataillons de trolls

Dès l’ouverture du site mardi, le message était clair : le dernier-né des sites FN n’est pas réservé aux militants du Front national. Au contraire, il revendique son ouverture aux patriotes de tout poil. L’objectif : centraliser, sur une plateforme unique, les interactions des internautes d’extrême droite et leur proposer des actions communes – mais aussi attirer sympathisants silencieux et simples curieux.

Mais voilà, la page a été “victime de son succès”. Journalistes, militants antifascistes, et surtout ces fameux trolls s’y sont vite retrouvés. Faux profils, commentaires… le réseau social a été submergé par les attaques. Le site de la Libre Belgique relevait ainsi avant-hier, parmi d’autres actes de ce genre, qu’une photo de profil “Voter FN rend con” s’était infiltrée dans la galerie photo du “Top des utilisateurs”.

Une communication en demi-teinte

Le FN a pourtant voulu éviter les trolls. Il a décidé d’éviter la médiatisation excessive du réseau, qui a été lancé sans publicité. Visité alors qu’il était encore en ligne, LesPatriotes.net est d’ailleurs plutôt sobre. Ni logo, ni slogan tapageur, seule une photo de Marine Le Pen (très grande, il est vrai) rappelle que c’est le parti d’extrême droite qui est aux manettes. En se faisant discret, et en créant un réseau social de “patriotes” – et non de “frontistes”, le FN compte bien séduire au-delà de ses encartés.

Mais la discrétion autour de ce réseau dépasse cet aspect stratégique. N’est-elle pas tout simplement due à un manque d’implication du FN? Si de jeunes “militants-stars” du parti sont bien présents sur le réseau social (Julia Abraham, 21 ans et conseillère municipale FN à Strasbourg, y est très active), aucun ténor du Front National n’y a créé son profil.

Marion Maréchal-Le Pen a annoncé l’ouverture du site des “patriotes” par un tweet. Mais elle-même le disait hier : “J’ai juste relayé l’initiative, je ne sais pas qui est derrière“. Joint par téléphone, Florian Philippot, vice-président du parti, n’est pas beaucoup plus interessé. “J’ai déjà eu une interview à ce sujet…” soupire-t-il, avant de se raviser et d’affirmer : “C’est un site soutenu, et voulu par le Front National”.

Un projet anachronique

“LesPatriotes”, c’est “novateur, et intéressant”, assure Florian Philippot, qui revendique au passage 2000 adhérents en quelques jours. Dans les faits cependant, on a affaire à une interface du passé. Côté design, on atterrit sur un fac-similé de Facebook, ascendant Caramail. Un véritable fouillis, avec néanmoins un côté très ludique : comme dans un jeu vidéo, l’utilisateur gagne des points lorsqu’il fait vivre la communauté.

En parcourant le site, impossible de ne pas se remémorer l’échec cuisant qu’ont connu d’autres plateformes similaires, lancées il y a quelques années. Des sites comme “Créateurs de possibles”, par exemple : lancé en janvier 2010, ce réseau social développé par l’UMP avait coûté plus d’un million d’euros au parti de Nicolas Sarkozy… pour être fermé en toute discrétion, à peine un an et demi plus tard.

Plus qu’un réseau social bien rôdé, une expérimentation

Au premier abord, ces couacs ont pourtant de quoi étonner : dans la catégorie “partis politiques”, le Front national est le grand champion d’Internet. Premier parti de France sur Facebook, il compte plus de 153 000 abonnés pour la page “Front national”, et 351 000 pour celle de Marine Le Pen. En 1996 déjà, il a été pionnier sur le web. “On a lancé notre site deux semaines avant les Verts !” rappelle, pas peu fier, Martial Bild, ancien dirigeant du FN, à propos de Front.nat.com.

Comment expliquer cet effet “pétard mouillé” ? Peut-être parce que la page n’a aucune vocation révolutionnaire. En plus de son site officiel, le FN développe une myriade de sites satellites. (Fn-europeennes, Fn-liberte-numerique…).  ”Les Patriotes” n’est donc qu’une expérimentation parmi d’autres. “Qu’un outil de plus”, confirme Florian Philippot.

Avec tous ces obstacles, le destin macabre du réseau des “Patriotes.net” semble déjà joué. A moins que… A deux semaines du vote, le réseau social a été lancé trop tard pour qu’il puisse puisse peser lors des élections européennes. Mais peut-être a-t-il pour ambition de décoller véritablement juste après. Lors de l’adhésion en effet, les “patriotes” renseignent, entre autres, leur région d’appartenance. De quoi organiser efficacement des actions au niveau local… en vue de préparer les élections régionales de l’année prochaine ?



15/05/2014

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 52 autres membres