Le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, poursuivi par Marine Le Pen pour injure, pour avoir employé le terme «fasciste» à son égard, a été relaxé jeudi par le tribunal correctionnel de Paris.

C'est le second procès remporté en sept jours par Jean-Luc Mélenchon contre la présidente du Front national. La semaine passée, le tribunal de Béthune avait condamné cette dernière à 10 000 euros d'amende pour avoir diffusé, en 2012, un faux tract attribué à son adversaire. Sur son compte Twitter, le leader du Parti de gauche s'est réjoui de ce nouveau succès judiciaire.

Les faits remontaient à mars 2011. Invité par un journaliste à commenter le sondage plaçant Marine Le Pen en tête de l’élection présidentielle, le leader du Parti de gauche avait jugé cette hypothèse «stupide» : «Tout ça est une guignolisation de la vie politique. Pourquoi voudriez-vous que le peuple français soit le seul peuple qui ait envie d’avoir un fasciste à sa tête ?» Pour la présidente du Front national, le terme relève bien de l’injure – définie en droit comme une «expression outrageante, [un] terme de mépris ou [une] invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait». Pour Mélenchon, il s’agit d’une catégorie politique, qu’il est libre d’appliquer au Front national.

«Dans ma famille politique, ce mot est utilisé depuis très longtemps en équivalent du terme "extrême droite", avait expliqué le coprésident du Parti de gauche lors d’une audience, le 6 mars. Naturellement, ce n’est pas un compliment à l’égard du Front national ; mais ce n’est pas une injure. Marine Le Pen elle-même a parlé d’un "fascisme doré" à propos des marchés, d’un "fascisme vert" propos de l’Islam.»

«Le fascisme a inspiré le nazisme, avait rétorqué l’avocat du Front national, Wallerand de Saint-Just. En disant que madame Le Pen est fasciste, vous dites donc qu’elle est en faveur de la Shoah et des camps de concentration. Il est évident que Jean-Luc Mélenchon avait la volonté d’invectiver, de rabaisser, de faire mépriser madame Le Pen, car il n’y a pas dans le débat public d’injure plus profonde.» L’avocat avait réclamé un euro de dommages et intérêts.

Menaces d'attaques en justice

Depuis son arrivée à la tête du Front national, Marine Le Pen s’est montrée très sourcilleuse quant aux qualificatifs accolés à son parti. A l’automne 2013, elle avait menacé d’attaquer les médias qui associeraient son parti à l’étiquette «extrême droite» – menaces qui sont restées sans suite «par manque de temps», a reconnu Wallerand de Saint-Just.

Le 22 mai, la 17e chambre se prononcera sur une affaire similaire, opposant le Front national à l'animateur Laurent Ruquier. En 2011 et 2012, dans son émission On n'est pas couché, celui-ci avait présenté deux images jugées injurieuses par le parti – l'une représentant l'arbre généalogique de Marine Le Pen sous forme de croix gammée, l'autre la caricaturant en étron sous le titre : «La candidate qui vous ressemble.»

Dominique ALBERTINI